2018 04 11 : La mort de Staline – film

1er mars 1953 : sans doute l’une des périodes les plus angoissantes pour le premier cercle de Staline, habitué pourtant à redouter les disgrâces soudaines, les transferts au petit matin à la prison de la Loubianka, siège du KGB, suivis après ou sans procès, d’une déportation en Sibérie ou d’une exécution dans les règles et dans les caves.

Mais ce matin-là, l’angoisse surgit d’une situation inédite : Staline, qui s’est couché tard la veille au terme d’une réunion consacrée à préparer la prochaine purge, celles des médecins juifs cette fois ci, ne répond pas au serviteur qui lui apporte ses repas.

On finit par forcer sa porte. Il est inconscient, frappé d’un AVC.

Qui prendra la responsabilité d’appeler un médecin ? Khrouchtchev (Steve Buscemi) ? Beria (Simon Russell Beale) ? Malenkov (Jeffrey Tambor) ? Andreyev (Paddy Considine) ? Lequel manœuvrera le mieux, d’abord pour ne pas être de la prochaine charrette, ensuite pour succéder à Staline ?

De ce sinistre épisode historique de mieux en mieux connu et marqué par la peur, la mort, le calcul, la duplicité, la perversité, Armando Iannucci parvient à réaliser un film… comique !

Et un bon film comique de surcroit.

D’abord grâce au talent des acteurs, qu’ils soient connus ou inconnus (en tout cas de moi : Simon Russell Beale).

Mais aussi parce que l’image est affutée et que les dialogues sont impeccables de tenue littéraire et de trivialité : Rabelais allié à Balzac, en quelque sorte.

Et je vous garantis qu’on n’a pas honte de rire d’un épisode sombre d’un régime de terreur, qui est sans cesse présent en arrière-plan de cette bouffonnerie, peut-être parce que l’on sait a posteriori que c’est le début de la fin de l’abomination.

11 avril 2018

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