Il ne faudrait pas que mes très nombreux lecteurs (357 par semaine selon mes statistiques : à ce rythme dans 14,8 siècles je serai au niveau influenceur !) compatissent à ma sénescence en estimant que maintenant je ne maîtrise plus l’orthographe.
Non ! Non ! Non ! ce n’est pas de la disparition en 1856 de Robert Schumann dont je veux doctement causer. Sa mort prématurée à 46 ans nous lègue une œuvre foisonnante et capitale pour l’histoire de la musique romantique, je l’ai récemment évoquée et sans doute y reviendrai-je.
Je veux ici louanger un autre grand musicien, Mort Shuman (1938-1991 : lui non plus ne vécut pas très vieux).
Ce chanteur me valut quelque temps raillerie voire commisération dans mon cercle familial et amical. J’avoue qu’un peu, rien qu’un peu, je l’ai cherché, passant dix fois par semaine son vinyle (en 1970 il n’existait pas encore de lecteur de clé USB) et spécialement cette scie surabondamment diffusée sur toutes les radios (enfin les quelques radios car en 1970 François Mitterrand n’avait pas encore libéré les ondes).
Et quel tube, oserai-je demander à ceux dont la jeunesse excuse l’ignorance ? Le Lac Majeur. Si l’on veut, un monument de la musique romantique Schumannienne… mais version 70.
Et comme la vengeance est un plat qui se mange froid et à petites rations méticuleusement espacées, à l’encontre de ces antédiluviennes moqueries dédaigneuses je veux énumérer tout ce qui démontre que Mort Shuman ne fut pas le benêt sirupeux de quelques rengaines, mais un grand musicien de « variétés ».
Précisons d’emblée : Mort Shuman n’était pas principalement un parolier ; il composa la partition de nombre de chansons sur des textes écrits par de célèbres paroliers (Doc Pomus, Philippe Adler, Étienne Roda-Gil). Ce qui rétrospectivement pourra lui valoir quelque indulgence de votre part.
Longtemps sans chanter ses compositions lui-même, mais pour les livrer à des interprètes à succès : Elvis Presey, les Chats Sauvages, Les Chaussettes noires, Small Faces, David Bowie, Janis Joplin, Dionne Warwick, Eddy Mitchell, Michel Sardou, Johnny Hallyday, Bruce Springsteen, Dalida, Lou Reed, Marvin Gaye, Paul Anka, Robert Plant, Ry Cooder, ZZ Top. Rien que ça !
Il écrivit aussi des reprises ou traductions de chanteurs célèbres : ainsi pour son ami Jacques Brel Is Alive and Well and Living in Paris. Une comédie musicale au succès énorme. Et de nombreuses musiques de films.
C’est seulement au début des années 70 qu’il chantera lui-même ses compositions, avec alors trois tubes : Brooklyn by the sea, Le Lac Majeur, Papa-Tango-Charly.
8 octobre 2023
Mort Shuman – Le Lac Majeur – 1972
Mort Shuman – Papa-Tango-Charlie – 1976
Mort Shuman – Brooklyn By The Sea – 1976
Mort Shuman – BREL Amsterdam – 1978