2022 02 05 : Viktoria Mullova

Les 50 premières années où j’ai écouté assidument les sonates et partitas pour violon de Jean-Sébastien Bach, je ne jurai que par Nathan Milstein parmi les interprétations que je connaissais (en nombre ridiculement limité je l’avoue : une petite dizaine). Trois vinyles parus en 1975 que j’ai usés complètement à force de les écouter.

Parti-pris sur lequel il m’arrive encore de m’interroger : je voulais ignorer les très nombreuses autres interprétations et il en est pourtant de magnifiques : Yehudi Menuhin, Georges Enesco, Jascha Heifetz, Henryk Szeryng, Arthur Grumiaux, Gidon Kremer, Shlomo Mintz, Salvatore Accardo, Hilary Hahn… pour ne citer que les violonistes que j’ai entendus en vrai ou dont j’ai en audiothèque des interprétations d’autres compositeurs.

Jusqu’à ce jour de 2009 ou 2010 où en concert (il me semble que c’était au Festival de Saint-Denis) j’entendis la célébrissime Chaconne, 2^ème mouvement de la partita n°2 BWV 1004 donnée par Viktoria Mullova.

Depuis lors, j’écoute cette artiste avec une égale admiration que celle que je porte aux autres grands violonistes. Mélomane rudimentaire que j’étais, en l’entendant cette fois-là je me dis « elle est super cette débutante ! » et je n’appris qu’ensuite que cela faisait déjà plus de vingt ans qu’elle avait obtenu de nombreux prix prestigieux.

Particularité oh combien attachante dans un milieu de la musique « classique » encore très souvent refermé sur son répertoire, Viktoria Mullova s’est très tôt et très régulièrement consacrée à des musiques modernes et métissées. Un peu comme Gilles Apap.

Du genre Tico Tico, O Cabo Pitanga, Brasileirinho, Alanis Morissette, Youssou N’Dour, Miles Davis, les Beatles, les Bee Gees, musiques quelle interprète souvent avec son fils Misha Mullov-Abbado (car son père est l’immensément regretté Claudio Abbado).

Voici comment, avec une telle artiste, je ne pouvais que me vacciner (sans besoin de piqûre de rappel j’espère !) contre le fléau de l’étroitesse d’esprit musical.

5 février 2022