J’ai longtemps habité sous de vastes portiques [1]
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques [2].
Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d’une façon solennelle et mystique [3]
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.
C’est là que j’ai vécu dans les voluptés [4] calmes,
Au milieu de l’azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d’odeurs,
Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes [5],
Et dont l’unique soin était d’approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir [6].
Léo Ferré 1957
Lecteur audioGeorges Chelon 1997
Lecteur audioDuparc – Gérard Souzay
Lecteur audioDuparc – Jessye Normann
Lecteur audioDuparc – Sandrine Piau & David Kadouch