Une fois n’est pas coutume, mais une bonne fois c’est mieux que rien, voici une intrigue amoureuse inverse de celles sempiternellement présentées.
Anne (Léa Drucker) une avocate quadragénaire réputée, mariée à Pierre (Olivier Rabourdin), mère de deux filles de 6 et 7 ans, s’éprend un jour sans l’avoir voulu ‑ irruption d’une passion charnelle incontrôlable ‑ du jeune Théo (Samuel Kircher), ado de 17 ans, son beau-fils qui vient d’emménager chez eux.
Ecartons d’emblée la référence qui m’était advenue de mes souvenirs scolaires : pas grand-chose à voir avec Le Diable au corps. Car là entre les deux amants la différence d’âge était infime, ici elle est notable ; là le mari était absent sur le front de la Grande guerre et n’a jamais rien su, ici il est présent, bien présent, et son fils Théo va l’informer de sa liaison avec sa femme.
Catherine Breillat est d’un tempérament et d’un âge à éviter les réalisations sentimentales, scandaleuses et à la mode ; elle sait dépouiller son film de tout aspect sulfureux, car ses images érotiques sont magnifiques et loin d’une sensualité de pacotille.
Une morale, jusqu’à la fin vous verrez qu’elle n’en propose pas, en tout cas pas celle, dictatoriale, de notre siècle hyper-conformiste derrière sa permissivité factice.
Magnifiquement filmé, magnifiquement interprété, ce film ouvre un abîme de réflexion.
16 septembre 2023