J’ai failli écrire « la jeune Pretty Yende » ; pauvre de moi ! Certes elle est plus jeune que la plus jeune de mes filles. Mais je la revois encore à ses débuts, plutôt je l’entends comme la première fois où je l’entendis, sur je ne sais plus quelle radio à l’occasion du Concours international de bel canto Vincenzo Bellini dans sa première édition, où elle obtint le premier prix… c’était en 2010 ! Le temps passe mais ne compte pas lorsqu’on est subjugué par une voix aussi pure, aussi jeune.
Car Pretty Yende est une soprano colorature d’exception. Le mot est faible mais je n’en connais pas d’autre. Le mot est faible car à une tessiture et à une technique d’exception, Pretty Yende joint un don rare, une interprétation puis-je dire transcendantale, surnaturelle ? Une grâce qui ne me rappelle que les plus grandes, que je ne nommerai pas, à vous de le faire.
Pretty Yende est désormais une célébrité, une « star » au niveau mondial, avec tous les attributs et attributions que cela entraîne : elle chanta une pièce contemporaine de Sarah Class au récent couronnement de Charles III d’Angleterre dans l’abbaye de Westminster.
Elle fréquente avec une aisance apparente, fruit évidemment d’un travail considérable, les plus grands compositeurs : Haendel, Rossini, Bellini, Donizetti, Mozart, Verdi, Massenet, Offenbach…
Les plus redoutables opéras : Giulio Cesare in Egitto, Le Comte Ory, La Traviata, La Flûte enchantée, Il Barbiere di Siviglia, Lucia di Lamermoor, La Somnambule, Les Contes d’Hoffmann et bien sûr tout le bel canto.
Les plus célèbres héroïnes : Cléopâtre, Pamina, Manon, Rosina…
Dois-je rappeler son parcours, que désormais toute la presse people évoque abondamment ? Née en Afrique du Sud du temps où l’apartheid existait encore, dans la township de eMkhondo, elle commence à chanter familialement des cantiques catholiques en zoulou. Elle s’intéresse à l’opéra à la faveur d’airs célèbres vus à la télé. Elle adule autant CeCe Winans et Ella Fitzgerald que Maria Callas et Joan Sutherland.
Forçant un peu la main à sa famille, à la fin du lycée elle déménage au Cap pour y suivre des cours ; sa voix est vite remarquée et dès 25 ans elle est appelée à participer à des concours internationaux… qu’elle remporte systématiquement ! Pourtant elle déteste la compétition mais dans ces épreuves elle éprouve la plus grande émotion.
Et la voici demandée à la Scala de Milan où elle bénéficie des conseils de la regrettée Mirella Freni ; au Metropolitan Opera de New York ; à l’Opéra de Paris ; débuts et sans doute pas encore apogée d’une carrière mondiale éblouissante.
12 août 2023
Dvorak – Rusalka – Pretty Yende – 2010
Rossini – Le Comte Ory Ce téméraire – Pretty Yende & Juan Diego Flòrez – MET 2013
Eva Dell’Acqua – Villanelle – Pretty Yende – 2014
Liszt – Pace non trovo – Pretty Yende – Carnegie Hall 2014
Puccini – O mio babbino caro – Pretty Yende – Verbier 2014
Donizetti – Lucia di Lammermoor Air de la folie – Pretty Yende – Opéra de Paris 2016
Franck – Panis Angelicus – Pretty Yende – 2016
Couronnement de Charles III – Sarah Class – Pretty Yende – Westminster 2023