2022 05 08 : Cavalli & Monteverdi, sacrée musique !

Avant toute chose une précision s’impose : j’aime sacrément la musique et depuis toujours je consacre une bonne part de mon temps d’audition à la musique sacrée ; cependant, aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, la foi Sacrée jamais ne vint m’effleurer.

Pourtant je fus un enfant de chœur dominical (avec un prénom prédestiné ?) assidu et appliqué. Pourtant je fis un céleste séjour de deux années scolaires chez les bons Pères jésuites et il ne tenait qu’à moi de m’y complaire encore ; mais pour éviter le mysticisme voire le séminaire, ce genre de délice, de gourmandise spirituelle, il faut à un moment savoir s’en priver. C’est ce que je fis en fin de troisième : avec opiniâtreté et réussite je me fis renvoyer (pardon restituer à l’affection familiale) et livrer aux trivialités banales d’un lycée public.

Et pourtant donc, ce rejet des illuminations claudéliennes et du quiétisme fénelonien ne me brouilla pas avec la musique d’église, bien au contraire. J’écoutais et j’écoute encore avec une quasi-extase inspirée mes vinyles, cassettes, CD et maintenant mes fichiers, très nombreusement voués à cette branche musicale. Des compils sans les complies.

J’ai quelquefois à ce propos évoqué Jean Sébastien Bach, sans lequel Dieu serait peut-être encore errant dans une déplaisante traversée du désert avec son serviteur saint Antoine ; ici et maintenant je voudrais rendre grâce à deux considérables auteurs de Salve Regina.

Salve Regina, dont l’incipit complet est Salve Regina, Mater misericordiæ, est une antienne ancienne puisque sans doute grégorienne, donc catholique, précision pour celles et ceusses qui sont dépourvus des notions catéchismales rudimentaires.

Pour les celles et les ceusses qui cédèrent à la facilité de ne faire qu’un cursus de lettres modernes, ça veut dire en langue vernaculaire séculière : Salut, ô Reine, Mère de miséricorde et cette imploration s’adresse évidemment à la Vierge Marie.

Bon, cessons la glose bigote et revenons à la partition : la musique sacrée ayant longtemps été en Occident le genre musical dominant, cette prière fut à peine écrite par les moines, qu’aussitôt à Cîteaux on commença à la psalmodier ; et ce n’était qu’un début : de très nombreux compositeurs écrivirent des Salve Regina, notamment à la Renaissance et à l’époque Baroque.

A force de les écouter encore et encore avec la dévotion que vous imaginez, deux musiciens conservent ma préférence : l’un célèbre, Claudio Monteverdi, l’autre moins, Francesco Cavalli.

Je m’en voudrais de vous forcer la main, je veux dire l’oreille : écoutez dévotement et faites-vous une religion.

8 mai 2022

 

Cavalli – Salve Regina – Choir Westminster Cathedral Wright

Monteverdi – Salve Regina I – The King’s Consort

Monteverdi – Salve Regina II – The King’s Consort

Monteverdi – Salve Regina O Mater – The King’s Consort