Voilà une mésaventure qui pourrait arriver à n’importe quelle enseignante (pas en France, évidemment) : Emilia (Katia Pascariu), une professeure roumaine, tourne une sextape. Scandaleux ? Non, puisque ce court métrage (trop court ? trop bref ? voire précoce ? nous ne le saurons pas) est tourné avec son très légitime et très consentant mari.

Oui, mais voilà le film (cela se passe en Roumanie, je le rappelle) est diffusé sur Internet, par on ne sait par quel voyou salace, pas un élève, encore moins un collègue, j’espère.

On imagine alors le scandale (en Roumanie, pas chez nous, je le rappelle). Voici qu’Emilia est sommée par sa principale (Claudia Ieremia) de rencontrer les parents d’élèves, lesquels au terme d’une parodie de conseil de discipline (en Roumanie, pas chez nous, je le bisse) exigent sa révocation.

Emilia refuse de céder à leur pression, et la suite, la suite… je ne vous la dirai pas, déjà que je m’aventure dangereusement aux limites de l’obscénité.

Ce film de Radu Jude est évidemment une comédie (en France, ce serait obligatoirement, pour ne pas être graveleux, une investigation sociologique et édifiante, avec évidemment le nihil obstat de ce que notre président laïc appelle les « autorités morales », entendez religieuses).

Comédie qui élargit avec pertinence son propos à toutes les dimensions de la pornographie (non seulement sexuelle mais culturelle et morale, et surtout commerciale) de la société marchande, où tout se vend donc tout s’achète  (en Roumanie, pas chez nous, je le trisse)

Je vous entends murmurer à mon endroit, voire même à mon encontre : quel démon de minuit m’a poussé à aller voir en catimini ce film sulfureux ? J’avoue tout, tout, tout, et même ce que toujours j’ai tu : ma passion pour… Boby Lapointe dont les chansons ramènent un peu de décence et de sérieux dans les 106 minutes de cette pochade qui n’est pas sans dévoiler aussi… un voyeurisme dramatique.

18 décembre 2021