2021 12 11 : Don Quichotte Minkus-Petipa-Noureev

Il est encore temps d’aller en prendre plein les mirettes et les oreilles à l’Opéra Bastille : le ballet Don Quichotte, musique de Léon Minkus, chorégraphie de Marius Petipa et Rudolf Noureev, est une splendeur !

L’intrigue s’inspire du premier roman moderne, publié par Cervantes en 1605. De quelques fragments seulement car le roman fait 900 pages.

Avant le lever du rideau et les premières notes, mon esprit s’égara en considérations idéalistes :

Léon Minkus

Cervantes, un Espagnol ; Minkus, un Autrichien qui vécut 40 ans en Russie comme violoniste, chef, compositeur de musique et de ballets, collaborant étroitement avec les Français Arthur Saint-Léon et Léo Delibes ; Marius Petipa un maître de ballet français venu créer la chorégraphie russe à Saint-Pétersbourg où il vécut 60 ans et mourut ; Rudolf Noureev, comme en retour, quittant l’URSS en 1961 pour d’abord danser à Londres, puis venir en 1980 régénérer le ballet de l’Opéra de Paris jusqu’en 1992….

Si ce n’est pas l’Europe idéale, celle que désirent les peuples malgré les nationalismes qui les taraudent encore, ça y ressemble beaucoup, non ?

Marius Petipa

Et ce n’est pas nouveau car tout amateur d’art et de culture aussi profane que je le suis sait quand même que dans l’Antiquité, au Moyen-Age, à la Renaissance, cette dimension européenne était déjà bien plus opérante que les particularismes nationaux.

.Voici donc les amoureux Quiterie (fille d’aubergiste) et Basilio (habile barbier) qui doivent ruser et manigancer, car le papa bougon (de la jeune fille évidemment) s’oppose comme toujours aux projets des jeunes gens…

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Rudolf Noureev

Quant au vieux Don Quichotte, il se met à rêver qu’il est entouré de jolies dryades, ce qui nous vaut un acte III interrompant l’espagnolade bondissante et bariolée par un songe langoureux superbement interprété par le corps de ballet en tutus bleus.

Vous pourrez admirer Alice Renavand. De mère vietnamienne, elle commence la danse à 7 ans, entre à l’École de danse de l’Opéra à 10 ans, intègre le corps du ballet à 17 ans, est nommée danseuse étoile à 33 ans. Eclectique, elle ne refuse pas de danser aussi pour le groupe de pop rock Indochine.…

Alice Renavand et le ballet de l’Opéra national de Paris

Vous serez fascinés par Léonore Baulac, de mère norvégienne, qui commence la danse à 4 ans, entre à l’École de danse de l’Opéra à 15 ans, intègre le corps du ballet à 18 ans, est nommée danseuse étoile à 26 ans. Elle est aussi ambassadrice de l’association What Dance Can Do, qui a pour but d’apporter la danse aux enfants et adolescents souffrant de maladie ou de la pauvreté.

Léonore Baulac (la blonde) et le ballet de l’Opéra national de Paris

Et que dire, sinon le regarder, de l’impeccable Germain Louvet ? A 4 ans il débute dans un club de danse modern jazz ; à 7 ans il intègre la classe de danse du Conservatoire national de région de Chalon-sur-Saône. A 12 ans il réussit le concours d’entrée à l’école de danse de l’Opéra de Paris et intègre le corps de ballet à 18 ans en 2011. Il est nommé danseur étoile fin 2016 à 23 ans. Parallèlement il est aussi mannequin et pose pour des agences photographiques.

Germain Louvet et le ballet de l’Opéra national de Paris

Vous jubilerez aussi du style de Ludmila Pagliero. En 2012 Brigitte Lefèvre, directrice du ballet, la nomme étoile « en raison de son talent et de son courage » artistique. Ludmila Pagliero est la première danseuse non-européenne à recevoir le titre d’étoile car elle est Argentine, d’une famille d’origine italienne, espagnole, tchèque et mapuche, et l’une des rares danseuses nommées membres du Ballet de l’Opéra sans avoir suivi son école de danse.

Ludmila Pagliero et le ballet de l’Opéra national de Paris

Alors en sortant trois heures plus tard de cet Opéra Bastille que j’ai vu construire et ouvrir, je marmonnais tout au long de mon retour un m… de Cambronne aux Zem… et autres misérables xénophobes, car la France humaniste ne distingue femmes et hommes que selon « le talent et le courage » !

11 décembre 2021