Même chez les austères pères Jésuites, peuvent survenir des situations désopilantes. C’est l’aventure narrable qui m’advint et que donc je vous raconte.
J’avais 14 ans et la tête en poésie, si bien que, pour la première fois, mon année scolaire fut exécrable ; alors mes parents, alarmés et sans doute (mal) conseillés par un ami sévissant à l’Inspection académique (oui, l’Education nationale déjà souffrait sous Christian Fouchet), me placèrent interne chez les Jèzes (à Metz Saint-Clément pour ne rien vous cacher).
La première année, tout se passa au mieux, je rédigeai une monographie sur l’art roman et l’art gothique.
L’année suivante, je commençai d’en avoir ma claque de leurs restrictions mentales, de leur cuisine frugale et de leurs noires soutanes ; et je formai l’aussi noir dessein (in pectore et in conclavo manifesto) de me faire virer à la fin de cette deuxième année.
Ma première incartade, je la commis sans l’avoir voulue et elle me fut reprochée quod miratus sum. Chaque dimanche soir nous devions présenter au Père préfet les livres que nous amenions, pour obtenir son nihil obstat. Mais ce soir là, il obsta-tacla sévèrement : parce que je ramenais un roman d’Hemingway (en 1967 Hemingway sentait le souffre chez les Pères !).
Bouquin détruit, et je fus gratifié en pénitence d’avoir à copier pour le samedi suivant 500 lignes d’un auteur classique si je voulais aller en permission dans ma famille. J’obtempérai obséquieusement mais vicieusement puisque je copiai 500 belles lignes des Provinciales de Blaise Pascal, pamphlet qui est une charge féroce… contre les jésuites ! Réprobation, indignation, repunition : cette fois toutes lectures me furent interdites, à l’exception de la Bible.
Et c’est là que je compris que la Bible, les jèzes ‑ en tout cas ce préfet-là et ses sbires ‑ n’en avaient lu que le Nouveau Testament… car l’Ancien Testament, qui fut donc mon exclusive lecture d’agrément huit mois durant, qu’est-ce que c’est marrant !
D’accord, il faut zapper des dizaines de pages de descriptions fastidieuses et périmées sur les cultes, les objets, les coutumes, les régimes, les vêtures… Mais pour le reste, quel roman !
Des batailles, des bagarres, des crimes, vols, rapts, viols, étranglements, égorgements, du sang et des larmes… et du sexe ! En ce temps-là (c’est évidemment terminé aujourd’hui) presque tous les détenteurs d’un pouvoir, en Canaan ou Juda, forniquent à qui mieux-mieux, ou à qui mal-mal, comme on veut, aussi vite qu’ils respirent, officient, s’ablutissent ; ils copulent toutes les jeunes femmes à leur portée et de préférence celles de leurs copains ou de leurs collaborateurs quand ce n’est pas l’épouse de leur frère ou cousin… Bref, je ne me suis pas ennuyé.
Mais au milieu de ces centaines de pages de western sémitique et de porno hébraïque, je tombai sur un texte merveilleux, que chacun maintenant connaît je suppose : le Cantique des cantiques.
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J’avais 14 ans donc et, on l’aura deviné, en puberté inaboutie et pour tout dire encore puceau (c’est évidemment terminé aujourd’hui) mais la puissance évocatrice de ces cinq poèmes érotiques n’en était que plus émoustillante et m’ouvrait des perspectives vertigineuses. Pour corser un peu l’attitude pénitentielle, étant déjà plaisantin récursif et pas toujours subtil (c’est évidemment terminé aujourd’hui), à chaque messe matinale j’emportais non le missel, mais cette Sainte Bible (que j’ai toujours en bonne place dans ma bibliothèque et que j’ouvre parfois avec nostalgie) et me plongeais pieusement dans le Cantique des cantiques.
Mais vous brûlez sans doute de connaître la chute de l’histoire : heureusement oui je chus et mes parents furent déçus que je sois déchu de ce prestigieux Collège Saint-Clément.
Pour me recaser à la rentrée suivante dans un banal lycée public… le premier lycée mixte de ma ville ! Pour moi la vie allait commencer.
1er octobre 2020
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La Bible – Le cantique des cantiques
TITRE ET PROLOGUE
L’Epouse
Qu’il me baise des baisers de sa bouche.
Tes amours sont délicieuses plus que le vin ;
l’arome de tes parfums est exquis,
ton nom est une huile qui s’épanche,
c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment.
Entraîne-moi sur tes pas, courons !
Le Roi m’a introduite en ses appartements ;
tu seras notre joie et notre allégresse.
Nous célèbrerons tes amours plus que le vin ;
comme on a raison de t’aimer !
PREMIER POEME
L’Epouse
Je suis noire et pourtant belle, filles de Jérusalem,
comme les tentes de Quédar,
comme les pavillons de Salma.
Ne prenez pas garde à mon teint basané :
c’est le soleil qui m’a brûlée.
Les fils de ma mère se sont emportés contre moi,
ils m’ont mise à garder les vignes.
Ma vigne à moi… je ne l’avais pas gardée !
Dis-moi donc, toi que mon cœur aime :
Où mèneras-tu paître le troupeau,
où le mettras tu au repos, à l’heure de midi ?
Pour que je n’erre plus en vagabonde,
près des troupeaux de tes compagnons.
Le chœur
Si tu l’ignores, ô la plus belle des femmes,
suis les traces du troupeau,
et mène paître tes chevreaux
près de la demeure des bergers.
L’Epoux
A ma cavale, attelée au char de Pharaon,
je te compare, ma bien-aimée.
Tes joues restent belles, entre les pendeloques,
et ton cou dans les colliers.
Nous te ferons des pendants d’or
et des globules d’argent.
Dialogue des époux
Tandis que le Roi est en son enclos,
mon nard donne son parfum.
Mon Bien-aimé est un sachet de myrrhe,
qui repose entre mes seins.
Mon Bien-aimé est une grappe de cypre,
dans les vignes d’En-Gaddi.
Que tu es belle, ma Bien-aimée,
que tu es belle !
Tes yeux sont des colombes.
Que tu es beau, mon Bien-aimé,
combien délicieux !
Notre lit n’est que verdure.
Les poutres de notre maison sont de cèdre,
nos lambris de cyprès.
Je suis le Narcisse de Saron,
le lis des vallées
Comme le lis entre les chardons,
telle est ma Bien-aimée entre les jeunes femmes.
Comme le pommier parmi les arbres d’un verger,
ainsi mon Bien-aimé parmi les jeunes hommes.
A son ombre désirée je me suis assise
et son fruit est doux à mon palais.
Il m’a menée au cellier,
et la bannière qu’il dresse sur moi, c’est l’amour.
Soutenez-moi avec des gâteaux de raisin,
ranimez-moi avec des pommes,
car je suis malade d’amour.
Son bras gauche est sous ma tête
et sa droite m’étreint.
Je vous en conjure,
filles de Jérusalem,
par les gazelles, par les biches des champs,
n’éveillez-pas, ne réveillez pas mon amour,
avant l’heure de son bon plaisir.
SECOND POEME
L’Epouse
J’entends mon Bien-aimé.
Voici qu’il arrive,
sautant sur les montagnes,
bondissant sur les collines.
Mon Bien-aimé est semblable à une gazelle,
à un jeune faon.
Voici qu’il se tient
derrière notre mur.
Il guette par la fenêtre,
il épie par le treillis.
Mon Bien-aimé élève la voix,
il me dit :
« Viens-donc, ma bien-aimée,
ma belle, viens.
Car voilà l’hiver passé,
c’en est fini des pluies, elles ont disparu.
Sur la terre les fleurs se montrent.
La saison vient des gais refrains,
le roucoulement de la tourterelle se fait entendre,
sur notre terre.
Le figuier forme ses premiers fruits
et les vignes en fleurs exhalent leur parfum.
Viens donc, ma Bien-aimée,
ma belle viens !
Ma colombe, cachée au creux des rochers,
en des retraites escarpées,
montre-moi ton visage,
fais-moi entendre ta voix ;
car ta voix est douce
et charmant ton visage. »
Attrapez-nous les renards,
les petits renards
ravageur de vignes,
car nos vignes sont en fleur.
Mon Bien-aimé est à moi, et moi à lui.
Il paît son troupeau parmi les lis.
Avant que souffle la brise du jour
et que s’évanouissent les ténèbres,
reviens… ! Sois semblable,
mon Bien-aimé, à une gazelle,
à un jeune faon,
sur les montagnes de l’alliance.
Sur la couche, la nuit, j’ai cherché
celui que mon cœur aime.
Je l’ai cherché, mais ne l’ai point trouvé !
Je me lèverai donc, et parcourrai la Ville.
Dans les rues et sur les places,
je chercherai celui que mon cœur aime.
Je l’ai cherché mais ne l’ai point trouvé !
Les gardes m’ont rencontrée,
ceux qui font la ronde dans la Ville :
« Avez-vous vu celui que mon cœur aime ? »
A peine les avais-je dépassés,
j’ai trouvé celui que mon cœur aime.
Je l’ai saisi et ne le lâcherai point
que je ne l’aie fait entrer
dans la maison de ma mère,
dans la chambre de celle qui m’a conçue.
L’époux
Je vous en conjure,
filles de Jérusalem,
par les gazelles, par les biches des champs,
n’éveillez pas, ne réveillez pas mon amour,
avant l’heure de son bon plaisir.
TROISIEME POEME
Qu’est-ce là qui monte du désert,
comme une colonne de fumée,
vapeur de myrrhe et d’encens
et de tous les parfums exotiques ?
Voici la litière de Salomon.
Soixante preux l’entourent,
élite des preux d’Israël :
tous experts à manier l’épée,
vétérans des combats.
Chacun a le glaive au côté,
craignant les surprises de la nuit.
Le roi Salomon
s’est fait un trône
en bois du Liban.
Il en a fait les colonnes d’argent,
le baldaquin d’or,
le siège de pourpre.
Le fond est une marqueterie d’ébène.
Venez contempler,
filles de Sion,
le roi Salomon,
portant le diadème dont sa mère l’a couronné
au jour de ses épousailles,
au jour de la joie de son cœur.
L’Epoux
Que tu es belle, ma Bien-aimée,
que tu es belle !
Tes yeux sont des colombes,
derrière ton voile ;
tes cheveux comme un troupeau de chèvres,
ondulant sur les pentes de Galaad.
Tes dents, un troupeau de brebis tondues
qui remontent du bain.
Chacune a sa jumelle
et nul n’en est privée.
Tes lèvres, un fil écarlate,
et tes discours sont ravissants.
Tes joues, des moitiés de grenade,
à travers ton voile.
Ton cou, la tour de David,
bâtie en forteresse.
Mille rondaches y sont suspendues,
tous les boucliers des preux.
Tes deux seins, deux faons,
jumeaux d’une gazelle,
qui paissent parmi les lis.
Avant que souffle la brise du jour
et que s’évanouissent les ténèbres,
j’irai à la montagne de la myrrhe,
à la colline de l’encens.
Tu es toute belle, ma Bien-aimée,
et sans tache aucune !
Viens du Liban, ma fiancée,
viens du Liban, fais ton entrée.
Abaisse tes regards, des cimes de l’Amana,
des cimes du Sanir et de l’Hermon,
repaire des lions,
montagnes des léopards.
Tu me fais perdre le sens,
ma sœur, ma fiancée,
tu me fais perdre le sens !
par un seul de tes regards,
par une seule perle de ton collier.
Que ton amour a de charmes,
ma sœur, ma fiancée.
Que ton amour est délicieux… Plus que le vin !
Et l’arôme de tes parfums
Plus que tous les baumes !
Tes lèvres, ma fiancée,
distillent le miel vierge.
Le miel et le lait
sont sous ta langue,
et le parfum de tes vêtements
est comme le parfum du Liban.
Elle est un jardin bien clos,
ma sœur, ma fiancée,
un jardin bien clos,
une source scellée.
Tes jets font un verger de grenadiers
et tu as les plus rares essences :
le nard et le safran,
le roseau odorant et le cinnamone,
avec tous les arbres à encens ;
la myrrhe et l’aloès,
avec les plus fins arômes.
Source qui féconde les jardins,
puits d’eau vive,
ruisseaux dévalant du Liban !
L’Epouse
Lève-toi, aquilon,
accours, autan !
Soufflez sur mon jardin
qu’il distille ses aromates !
Que mon Bien-aimé entre dans son jardin,
qu’il en goûte les fruits délicieux !
L’Epoux
J’entre dans mon jardin,
ma sœur, ma fiancée,
je récolte ma myrrhe et mon baume,
je mange mon miel et mon rayon,
Je bois mon vin et mon lait.
Mangez, amis, buvez,
enivrez-vous, mes bien aimés !
QUATRIEME POEME
L’Epouse
Je dors, mais mon cœur veille.
J’entends mon Bien-aimé qui frappe.
« Ouvrez-moi, ma sœur, mon amie,
ma colombe, ma parfaite !
Car ma tête est couverte de rosée,
mes boucles, des gouttes de la nuit.
J’ai ôté ma tunique
comment la remettrais-je ?
j’ai lavé mes pieds,
comment les salirais-je ? »
Mon Bien-aimé a passé la main
par le trou de la porte ;
et du coup mes entrailles ont frémi.
Je me suis levée
pour ouvrir à mon Bien-aimé,
et de mes mains a dégoutté la myrrhe,
de mes doigts la myrrhe vierge,
sur la poignée du verrou.
J’ai ouvert à mon Bien-aimé,
mais tournant le dos, il avait disparu !
Sa fuite m’a fait rendre l’âme.
Je l’ai cherché mais ne l’ai point trouvé,
Je l’ai appelé, mais il a n’a pas répondu !
Les gardes m’ont rencontrée,
ceux qui font la ronde dans la Ville.
Ils m’ont frappée, ils m’ont blessée,
ils m’ont enlevé mon manteau,
ceux qui gardent les remparts.
Je vous en conjure,
filles de Jérusalem,
si vous trouvez mon Bien-aimé,
que lui déclarerez-vous… ?
Que je suis malade d’amour.
Le chœur
Qu’as donc ton Bien-aimé de plus que les autres,
ô la plus belle des femmes ?
Qu’as donc ton Bien-aimé de plus que les autres,
pour que tu nous conjures de la sorte ?
L’Epouse
Mon Bien-aimé est frais et vermeil,
il se reconnaît entre dix mille.
Sa tête est d’or, et d’un or pur,
ses boucles sont des palmes,
noires comme le corbeau
Ses yeux sont des colombes,
sur l’eau d’un bassin,
se baignant dans le lait,
posées sur un océan.
Ses joues, des parterres d’aromates,
des massifs parfumés.
Ses lèvres, des lis ;
elles distillent la myrrhe vierge.
Ses mains des globes d’or,
garnis de pierre de Tarsis.
Son ventre, une masse d’ivoire,
couverte de saphirs.
Ses jambes, des colonnes d’albâtre,
posées sur des bases d’or pur.
Son aspect est celui du Liban,
sans rival comme les cèdres.
Ses discours sont la suavité même,
et tout en lui n’est que charme.
Tel est mon Bien-aimé, tel est mon ami,
filles de Jérusalem.
Le chœur
Où est parti ton Bien-aimé,
ô la plus belle des femmes ?
Où s’est tourné ton Bien-aimé,
que nous le cherchions avec toi ?
L’Epouse
Mon Bien-aimé est descendu à son jardin,
aux parterres embaumés,
pour paître son troupeau dans les jardins,
et cueillir les lis.
Je suis à mon Bien-aimé, et mon Bien-aimé est à moi,
il paît son troupeau parmi les lis.
CINQUIEME POEME
L’Epoux
Tu es belle, mon amie, comme Tirça,
charmante comme Jérusalem.
Détourne de moi tes regards,
car ils me fascinent.
Tes cheveux sont un troupeau de chèvres,
ondulant sur les pentes de Galaad.
Tes dents sont un troupeau de brebis,
qui remontent du bain.
Chacune a sa jumelle
et nulle n’en est privée.
Tes joues sont des moitiés de grenade
à travers ton voile.
Il y a soixante reines
et quatre-vingts concubines
(et des jeunes filles sans nombre).
Unique est ma colombe,
unique ma parfaite.
Elle est l’unique de sa mère,
la préférée de celle qui l’enfanta.
Les jeunes femmes l’ont vue et glorifiée,
reines et concubines l’ont célébrée :
Qui est celle qui surgit comme l’aurore,
belle comme la lune,
resplendissante comme le soleil,
redoutable comme des bataillons ?
Au jardin des noyers je suis descendu,
pour voir les jeunes pousses de la vallée,
pour voir si la vigne bourgeonne,
si les grenadiers fleurissent.
Je ne sais…, mais mon désir m’a jeté
sur les chars de mon peuple, en prince !
Le chœur
Reviens, reviens, Sulamite,
reviens, reviens, que nous te regardions !
L’Epoux
Pourquoi regardez-vous la Sulamite,
dansant comme en un double chœur ?
Que tes pieds sont beaux dans tes sandales,
filles de prince !
La courbe de tes flancs est comme un collier,
œuvre des mains d’un artiste.
Ton nombril forme une coupe,
où le vin ne manque pas.
Ton ventre, un monceau de froment,
de lis environné.
Tes deux seins ressemblent à deux faons,
jumeaux d’une gazelle.
Ton cou, une tour d’ivoire.
Tes yeux, les piscines de Heshbôn,
près de la porte de Bat-Rabbim.
Ton nez, la tour du Liban,
sentinelle tournée vers Damas.
Ton chef se dresse, semblable au Carmel,
et ses nattes sont comme la pourpre ;
un roi est pris à tes boucles.
Que tu es belle, que tu es charmante,
ô amour, ô délices !
Dans ton élan, tu ressembles au palmier,
tes seins en sont les grappes.
J’ai dit : je monterai au palmier,
j’en saisirai les régimes.
Tes seins, qu’ils soient des grappes de raisin,
le parfum de ton souffle, celui des pommes ;
tes discours, un vin exquis !
L’Epouse
Il va droit à mon Bien-aimé,
comme il coule sur les lèvres de ceux qui sommeillent.
Je suis à mon Bien-aimé,
et vers moi se porte son désir.
Viens mon Bien-aimé,
allons aux champs !
Nous passerons la nuit dans les villages,
dès le matin nous irons aux vignobles.
Nous verrons si la vigne bourgeonne,
si les pampres fleurissent,
si les grenadiers sont en fleur.
Alors je te ferai
le don de mes amours.
Les mandragores exhalent leurs parfums,
à nos portes sont tous les meilleurs fruits.
Les nouveaux comme les anciens,
je les ai réservés pour toi, mon Bien-aimé.
Ah ! que ne m’es-tu un frère,
allaité au sein de ma mère !
Te rencontrant dehors, je pourrais t’embrasser,
sans que les gens me méprisent.
Je les conduirais, je t’introduirais
dans la maison de ma mère, tu m’enseignerais !
Je te ferais boire un vin parfumé,
ma liqueur de grenades.
Son bras gauche est sous ma tête
et sa droite m’étreint.
L’Epoux
Je vous en conjure
filles de Jérusalem,
n’éveillez pas, ne réveillez pas mon amour,
avant l’heure de son bon plaisir.
LE DENOUEMENT
Le chœur
Qui est celle qui monte du désert,
appuyée sur son Bien-aimé ?
L’Epoux
Sous le pommier je t’ai réveillée,
là même où ta mère te conçut,
là où te conçut celle qui t’as enfantée.
Pose-moi comme un sceau sur ton cœur,
comme un sceau sur ton bras.
Car l’amour est fort comme la Mort,
la jalousie inflexible comme le Shéol.
Ses traits sont des traits de feu,
une flamme de Yahvé.
Les grandes eaux ne pourront éteindre l’amour,
ni les fleuves le submerger.
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