2019 12 22 : Le Greco, l’illuminé

N’étant pas versé en histoire de l’art, je ne suis jamais parvenu à m’expliquer une singularité de la peinture espagnole qui me semble évidente : cette âpre recherche de la vérité des choses, des êtres, des personnages, cette confrontation brutalement délibérée avec le réel, sublimé, transposé, mais jamais arrangé ni euphémisé comme il le fut souvent dans les peintures italienne ou française.

.

C’est ce qui m’a toujours frappé face à Velasquez et au réalisme impitoyable de ses portraits du XVIIe siècle, tandis qu’à l’époque chez nous les Mignard, Le Nain, Poussin, Rigaud… enjolivaient et qu’en Italie les innombrables baroques et maniéristes attardés fardaient tant qu’ils pouvaient.

C’est encore ce qui provoqua mon engouement de jeunesse pour Goya, son réalisme sidérant au début du XIXe siècle ; et chez lui aussi cette capacité miraculeuse à percer à jour, parfois cruellement, les êtres à travers leur portrait.

Mais Le Greco… j’avais gardé simplement une attirance pour l’extravagance de ses formes et de ses couleurs, ses atmosphères illuminées, au sens premier mystiques.

Je n’avais pas capté qu’au XVIe siècle, donc un ou deux siècles avant les précités, il était allé aussi loin dans l’art de dévoiler la vérité des personnages sans sacrifier aux conventions de son époque.

Et pourtant, comme son nom l’indique, il n’était pas Espagnol, puisque Grec crétois formé à Venise.

Donc la singularité de la peinture espagnole que j’évoque, sa quête de vérité au-delà du réalisme, découle non d’un atavisme mais d’un contexte, d’une ambiance que je serais incapable d’expliquer davantage.

En tout cas, l’exposition Le Greco qui se tient actuellement au Grand Palais me fut une découverte au point que j’y retournai deux fois.

22 décembre 2019