2019 06 06 : Être vivant et le savoir – documentaire

Alain Cavalier  dont le grand public se souvient pour La Chamade (1968), Le Plein de super (1976) ou Thérèse (1986) et les vieux militants politiques pour Le Combat dans l’île (1961) et L’Insoumis (1964), nous a plus récemment habitués à des films rigoureux voire austères, à des scénarios exigeants fondés sur la vie réelle, à une façon de filmer dépouillée de tout superflu.

Ainsi avait-il tenté de restituer par l’image la vie de personnes chères disparues, comme en 2009 Irène pour son épouse l’actrice Irène Tunc tragiquement décédée en 1972.

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Ainsi avait-il choisi d’être l’un des acteurs d’un film-entretien, comme en 2011 avec le superbe Pater où il donne la réplique à Vincent Lindon dans un scénario a priori improbable, Cavalier étant Président de la République et Lindon Premier ministre !

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Ici, Cavalier conjugue ces deux manières puisqu’il s’agit d’un dialogue avec une personne disparue où il interprète (je n’ose dire « joue ») l’un des deux personnages.

Cette fois, ce film-documentaire est doublement marqué du sceau de la mort :

La personne que Cavalier interviewe décèdera avant la fin du tournage : la romancière Emmanuèle Bernheim en effet s’en est allée en mai 2017.

Les entretiens Cavalier – Bernheim auxquels nous assistons portaient sur la préparation d’un film tiré du livre autobiographique de la romancière, Tout s’est bien passé, racontant que son père lui demande de l’aider à en finir avec la vie puisqu’il est invalidé par un AVC.

Cavalier devait tenir le rôle du père. J’avais lu ce sobre et beau récit en 2013 et c’est ce qui m’avait décidé à aller voir Être vivant et le savoir.

Alors ?

Alors vous pourrez vous aussi supporter ce document sans tomber dans la sinistrose, car la tendresse, l’espièglerie, la chaleur intimiste, la pudeur, bref tout le talent du cinéaste accompagnent intelligemment cette méditation sur la maladie et la mort.

6 juin 2019