Les frères Dardenne comme on les appelle, Luc et Jean-Pierre, ont choisi de brosser le portrait du jeune Ahmed (Idir Ben Addi), 13 ans, en Belgique bien sûr, fasciné par les idéaux de pureté intégriste prêchés par son imam.
Un « radicalisé » donc, pour ranger Ahmed dans cette catégorie ad hoc de la Police (curieux comme la police adore les catégories, classifications et compartimentages administratifs, non ? J’ai toujours pensé qu’il y avait un peu beaucoup de mentalité policière dans toute administration, aussi démocratique soit-elle, et beaucoup de bureaucratie dans tout corps policier, aussi opérationnel soit-il).
« Radicalisation », donc, terme repris sans hésitation par quasiment tous les médias, éditorialistes, politologues, sans craindre de faire sursauter dans leur tombe les Combes, Pelletan, Herriot, Daladier, Queuille, Mendès France, JJSS, Fabre, etc. radicaux républicains modérés et surtout pas… religieux !
Mais là je m’égare, revenons à nos moutons, à notre mouton noir d’Ahmed.
Plutôt que nous livrer un polar ou une politique-fiction, les Dardenne ce n’est pas leur genre, ils décrivent minutieusement et avec un remarquable souci du détail le contexte psychologique et relationnel d’Ahmed, au plus près de la triviale réalité sociale.
Ce gaillard conquis par l’intégrisme extrême pourrait tuer, c’est semble-t-il le projet qu’il forme. Mais c’est d’abord un adolescent immature, paumé dans ses contradictions.
Les Dardenne ne participent pas au concours Lépine de la lutte efficace contre le terrorisme islamiste et ne livrent aucune « clé » grâce à laquelle on pourrait déverrouiller cet extrémisme insensé.
Ils ambitionnent simplement de livrer le portrait terriblement humain et crédible de l’un de ces faux héros, d’un de ces gamins perdus, irrémédiablement peut-être, on ne sait, qui à intervalles réguliers traversent l’histoire mondiale, dans le bruit, la fureur et le sang qu’ils contribuent à répandre. Ambition réussie.
24 mai 2019