J’aime pas l’envahissement totalitaire de la langue anglaise (variante américaine bien sûr) dans notre parler de tous les jours, y compris et surtout dans le monde de l’entreprise et des médias suivistes. Je déteste le cinéma violent. J’aime pas trop le cinéma à gros budget et à grand spectacle. J’aime pas tellement les films de guerre. J’aime pas du tout le nationalisme dans quelque nation qu’il sévisse et prépare des lendemains qui pleureront.
Donc j’avais surabondance de motifs pour éviter les salles où était projeté ce film.
Mais j’aime l’Histoire, j’aime approfondir les phases historiques desquelles mon ignorance est crasse, j’aime connaître les civilisations éloignées de la mienne, j’aime la Corée depuis le peu de jours que j’y ai séjourné.
Donc je suis allé voir Battleship Island, malgré que le distributeur n’ait pas fait l’effort de lui trouver un titre français, bien qu’on m’ait averti que c’était un film de guerre violent, à gros budget, à grand spectacle et même nationaliste.
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Et je dois admettre que j’ai apprécié ce film de Ryoo Seung-wan malgré les caractéristiques susdites qui se sont vérifiées.
Oh le scénario, fondé sur un épisode historiquement réel, est simplissime, déjà vu dans nombre de nanards anglo-saxons : pendant la Deuxième Guerre mondiale, près d’un millier de Coréens sont parqués sur l’île japonaise d’Hashima par les militaires japonais. Cette prison est aussi un camp de travail car s’y trouve une mine de houille exploitée par le conglomérat Mitsubishi (qui je vous rassure a survécu) dont la main-d’œuvre japonaise initiale est évidemment partie au front. Un résistant infiltré échafaude un projet d’évasion massive…
Ce n’est certainement pas le film du siècle, ni de la décennie, ni même de l’année. Mais il répondit à la fonction que j’en attendais : me faire mieux comprendre cette période historique, les conditions de l’asservissement du peuple coréen par le Japon dans cette sombre époque, la mentalité des Coréens, leur rapport à la guerre, à la violence, aux tortures et aux crimes et ce qui peut en subsister aujourd’hui, d’autant que ce peuple dut subir ensuite une autre guerre moralement encore plus cruelle puisque civile.
Et puis je dois reconnaître une magistrale mise en scène, qui donne dans le spectaculaire certes mais au service de l’enseignement qu’elle entend délivrer.
La fin notamment restera peut-être dans les annales.
De grands sentiments aussi, mais sans le ridicule qu’on pouvait redouter. Un peu d’éléments comiques qui font respirer dans cette ambiance lourdement angoissée.
Les personnages ne sont pas trop outrés et inspirent émotion et sympathie. A cet égard les acteurs principaux, Joong-ki Song, Soo-an Kim, Jung-Min Hwang ou encore So Ji-Sub sont de premier ordre.
18 mars 2018
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