2015 05 19 : Santé des philosophes, philosophes de la santé

Santé des philosophes - Philosophes de la santé

Le livre indispensable
à toute réflexion éthique

Qu’est-ce que la santé ? L’absence de maladie ou plus que cela ? Comment l’idée, mais aussi l’expérience de la santé se présentent-elles à nous, quand nous l’avons perdue, retrouvée ou bien lorsque nous entreprenons de la conserver ou de l’améliorer ?

Ces questions, de grands philosophes les ont autrefois posées, de Platon et Aristote à Nietzsche, en passant par Epicure, Sénèque, Montaigne, Descartes, Spinoza et Kant. Elles se trouvent aujourd’hui reprises par d’autres penseurs s’attachant à décrire et à interpréter la santé, à l’envisager comme un devoir ou comme un droit, à examiner ses liens à la technique et enfin, à poser la question centrale des rapports entre santé, bien-être et bonheur.

L’ouvrage est d’abord remarquable en ce sens qu’il ménage une progression très subtile, non seulement des temps anciens aux temps modernes, des interrogations élémentaires relatives à la santé aux réflexions les plus élaborées, mais aussi dans la densité et la difficulté de l’analyse et donc de notre lecture attentive. Pour les profanes en philosophie, ce parti-pris permettra de passer insensiblement des questions « de bon sens » aux concepts les plus difficiles que les philosophes ont dégagés et échangés dans ce domaine.

A cet égard, la partie Problématiques contemporaines du livre, qui en constitue près des deux tiers, est remarquable. Elle s’achève par une conclusion qui mériterait un article dans une grande revue médicale. L’auteur nous convoque à la fréquentation des philosophes du passé et à la recherche des problématiques d’une philosophie de la santé afin, comme le disait Canguilhem en 2002 « de guérir les hommes de la peur d’avoir éventuellement à s’efforcer de guérir, sans garantie de succès, de maladies dont le risque est inhérent à la jouissance de la santé », réflexion complétant celle de Foucault en 1983, sur une question déjà lancinante à l’époque et toujours non réglée, au point qu’elle occulte pratiquement toutes les autres aujourd’hui : « le problème soulevé est celui de la mise en rapport d’une demande infinie avec un système fini ».

Jean Claude Fondras est médecin, praticien hospitalier honoraire. Il est également docteur en philosophie (Paris-Est Marne-la-Vallée), avec une thèse parue sous le titre La Douleur, expérience et médicalisation (Les Belles Lettres, 2009). Ses recherches, publiées, entre autres, dans Douleur et analgésie, Médecine palliative ou Éthique et santé, concernent des questions de philosophie et éthique de la médecine : le corps, la douleur, le vécu de la maladie, la médicalisation et ses techniques.

Santé des philosophes, philosophes de la santé
Jean-Claude Fondras
Editions Cécile Defaut