J’ai parfois du mal à faire partager mes engouements musicaux, surtout lorsqu’ils s’écartent des valeurs sûres qui font consensus dans ma génération. Cela ne prouve évidemment pas que mes choix sont pertinents, mais néanmoins m’inciterait à m’obstiner dans ceux-ci. La subjectivité est toujours un peu tordue !
Ainsi en fut-il dans le passé de Boby Lapointe, de Paolo Conte, de Viktor Lazlo… Aujourd’hui ce sont presque des icônes.
Alors en voici un dont je n’ai pas encore parlé et que 95 % des gens de mon âge ne connaissent pas (évaluation vérifiée par micro-sondage) : il s’agit d’Asaf Avidan. Et donc, puisque seuls des gens de mon âge consultent mes billets, de qui s’agit-il ?
Asaf Avidan a 35 ans. Il est Israélien. Il a fait des études de cinéma d’animation et son court-métrage Find Love Now a remporté un prix au festival du film de Haïfa. Mais après une rupture sentimentale il se consacre à la musique et soigne un lymphome qui le frappe à 21 ans.
En 2006, il édite un premier CD autoproduit : Now That You Are Leaving, qui rencontre d’emblée un grand succès critique et d’audience en Israël. En France ? Je l’ignore, pas entendu parler… Fin 2006, il constitue un ensemble, The Mojos, avec Yoni Sheleg, Roi Peled, Hadas Kleinman.
En mars 2008 le groupe sort The Reckoning, album folk-rock et blues. En 2009 ce CD obtient en Israël un disque d’or, puis un disque de platine en 2010, élu album de l’année et clip de l’année. Et en France ? The Reckoning paraît en 2009 et atteint la 8e place des ventes sur iTunes. Mais moi, toujours pas entendu parler.
C’est à la sortie courant 2011 de Poor Boy / Lucky Man, second album du groupe, que je fais connaissance de The Mojos. Drôle de titre pour un album, non ? En fait, deux titres et deux couvertures au choix, l’acheteur décidant si le garçon est pauvre ou chanceux. L’album est encensé par Libération et Télérama. Heureusement que je ne lis plus Libération ni Télérama, sinon je n’aurais sans doute pas écouté ce CD.
Or il était temps, car c’est le succès planétaire : à Berlin, au Festival de Cannes, en Chine, au Carnegie Hall à New York, à Solidays en France, à Latitude en Angleterre…
Fin 2010, le groupe sort son troisième album : Through The Gale, qui conte le voyage d’un capitaine de voilier et de son équipage à la recherche de l’immortalité. Ils réaliseront finalement qu’une vie sans mort est dépourvue de sens (là je pense inévitablement à François Cheng et à ses Cinq méditations sur la mort – autrement dit sur la vie…)
Mais j’avoue que je préfère Asaf Avidan en solo. Il nous a livré son premier album solo, Different Pulses, en 2013.
Avidan (Asaf) – Is this it – Different Pulses 2012
Et il vient de sortir (c’est la raison au sujet de laquelle il fallait que je vous en cause) son 2e album solo : Gold Shadow.
Avidan (Asaf) – The labyrinth song – Gold shadow 2015
Si vous ne vous précipitez pas pour l’acheter, je ne vous parle plus… de musique.