Dans les magasins, hypers, supers, minis, micros, comme sur les bons vieux marchés de quartier, mais aussi à la télé et à la radio, depuis trois semaines vous dégustez ! Les tranches de saumon fumé des fjords, d’Ecosse ou d’Irlande ; les blocs de foie gras d’Alsace, des Landes ou du Périgord ; les grains de caviar d’Iran, de Russie ou d’Aquitaine, les lamelles de truffe du Quercy, d’Italie ou du Tricastin ; les noix de Saint-Jacques d’Erquy, de Port-en-Bessin ou de Fécamp ; et les bûches ; et les macarons… et les vins bien sûr. Tout cela subtilement entrelardé de quelques copeaux de charité et arrosé d’une larme de compassion pour les exclus et les malportants, sinon la fête ne serait pas totale.
Certes, positivons : il y a là matière à voyages virtuels et révisions de géographie, et en plus il y a les recettes.
Enfin voici le 2 janvier, puis le 3, puis le 4 et vous commencez à goûter un repos gustatif et olfactif réparateur… Pas si vite ! Car maintenant c’est la galette des Rois !
Oui, mais, dites… après la controverse des crèches installées dans un dessein sournoisement prosélyte dans certains lieux publics, redoublons de vigilance. Ne faudrait-il pas prohiber l’invasion de la galette des Rois, indéniablement connotée catho, car rappel insistant que Jésus a existé puisque les Rois Mages sont venus se prosterner devant lui.
Finissons-en avec ces signes ostentatoires de christianisme omniprésent. Excommunions la galette des Rois.
Oui, mais, dites… peut-on se passer de galette ? Tout le monde en désire, la bourse en raffole, les nantis s’en gavent à profusion, tout le monde veut sa part et certains ne laissent aux autres que des miettes en jouant du couteau s’il le faut.
Bon d’accord, mais alors réformons la galette, sécularisons la galette, laïcisons la galette. Qu’elle soit désormais, par exemple, la galette des rois des c… Il y aurait là un marché captif, un créneau pérenne, une clientèle garantie. Il suffirait simplement de prévoir, pour chaque galette commercialisée, non plus une seule mais une douzaine de fèves, ainsi qu’autant de couronnes, les impétrants étant nombreux. Et avec un peu de chance, je serai peut-être sacré, aboutissement de toute une vie !