Il y a des expressions qui en quelques semaines surgissent, subsistent puis deviennent irremplaçables, pour diverses raisons. Curieusement, car on peut alors se dire : comment pouvait-on s’en passer auparavant ? Soit on ne savait pas exprimer le concept, soit le concept lui-même n’était pas encore élaboré.
Parmi tant d’autres en voici une, qu’on entend plusieurs fois par jour en hiver, à chaque bulletin météo à vrai dire, température réelle et température ressentie ; la seconde étant presque toujours inférieure à la première, par exemple ‑ 2°C de température réelle donne ‑ 10°C en température ressentie.
L’expression est assez récente : cinq ou six ans. Pourtant on connaît depuis toujours le phénomène : ce qui est ressenti via la peau, ce n’est pas seulement la température de l’air ambiant, la sensation de froid est intensifiée principalement par le vent (ce que les savants appellent le refroidissement éolien), mais aussi par l’hygrométrie et la radiance solaire.
Puisque l’expression a fait florès, j’imagine, je parierais presque qu’elle va s’étendre à d’autres questions, pour lesquelles elle serait tout aussi appropriée, peut-être même indispensable.
Pourrions-nous en effet continuer longtemps à ne pas différencier :
– notre richesse, réelle et ressentie ? (Par nous-même et par les autres…)
– notre séduction, réelle et ressentie ? (Par nous-même et par les autres…)
– notre intelligence, réelle et ressentie ? (Par nous-même et par les autres…)
– notre éloquence ? (dito)
– notre jeunesse ? (dito)
– notre élégance ? (dito)
– notre opiniâtreté dans l’épreuve ? (d°)
– notre clairvoyance politique ? (d°)
– notre absence totale de préjugés,
– d’égoïsme,
– d’œillères,
(ad libitum comme dirait le bon pape François)
– sans oublier bien sûr notre performance amoureuse ? (d°)
Et cetera, comme dirait encore le bon pape François. Merci donc de compléter la présente liste selon la pertinence, réelle ou ressentie, que vous accorderez au débat que je viens de lancer !
28 décembre 2014