2014 03 20 : Mitterrand, l’autre (La récréation)

Je vais vous faire un aveu : j’appréciais peu Mitterrand ; non pas François bien sûr, mais Frédéric. J’étais resté totalement insensible à ses émissions télé, à ses centres d’intérêt et même à sa diction ; et à mon avis son film Madame Butterfly ne valorisait pas vraiment l’opéra de Puccini. Et puis voilà que, par hasard, j’ai en main son dernier livre, La récréation, journal des trois années 2010-2012 où il fut ministre de la culture. J’ai lu ce livre, par hasard ? Pas vraiment, puisqu’il me fut offert en cadeau de fin d’année par une personne très chère.

La récréationAlors je l’ouvre, au début, pour satisfaire à une sorte d’obligation de reconnaissance et puis, bien vite, je le poursuis et le termine par plaisir. Car c’est un bouquin fort intéressant. A plusieurs titres.

D’abord, l’auteur rapporte sur les personnalités politiques qu’il a connues ou rencontrées des appréciations, jugements, anecdotes significatives et qui, on s’en doute, sont parfaitement subjectives. Mais pas excessivement… ou alors nos deux subjectivités se ressemblent : car les politiciens de droite qu’il apprécie et ceux de gauche qu’il reconnaît estimer sont presque toujours les mêmes que les miens.

Il est lucide sur la portée et les limites de l’action politique ici et maintenant, avant qu’un jour enfin cela ne change (ce ne semble malheureusement pas pour demain).

Il sait évoquer avec franchise, ironie et parfois crudité son homosexualité assumée, les imprudences auxquelles elle le pousse, les effarements ou stupéfactions qu’elle suscite chez les personnalités politiques et de la haute administration strictement hétérodoxes, et combien il s’en amuse.

Frédéric MitterrandMais ce que j’ai apprécié le plus dans le livre, et là où j’ai considérablement réévalué l’opinion que je me faisais de Frédéric Mitterrand, c’est son immense culture artistique, sa sensibilité et son intuition vives et sûres. Là aussi évidemment mon opinion est subjective ; mais presque chaque fois qu’il évoque un artiste, une œuvre, une interprétation que je connais (c’est-à-dire quelques pourcents de celles et ceux qu’il cite) je partage peu ou prou son appréciation.

Et, finalement, j’ai refermé ce livre en éprouvant une grande sympathie pour l’homme, que rien précédemment ne destinait à être ministre sinon que peut-être Sarkozy voulait mettre un Mitterrand à son tableau de chasse ; qui a manifestement exercé sa mission et rempli sa tâche avec une immense passion et une ardeur inlassable.

20 mars 2014