Effets de mode
Nous Français avons l’habitude de nous lamenter sur nos universités, surtout depuis que le très contestable classement de Shanghai relègue la première d’entre elles (Pierre et Marie Curie) à la 37e place mondiale et trois autres seulement parmi les 100 premières (Paris Sud, ENS Ulm et Strasbourg). Cette autoflagellation remonte à loin, la dépréciation de nos mérites étant l’un des sports favoris de nos faiseurs d’opinion, de gauche comme de droite.
Ainsi, je me souviens des années 70-80 où les penseurs « progressistes » vantaient le système de santé et la formation médicale en URSS comme les meilleurs du monde. Statistiques à l’appui. Statistiques purement quantitative évidemment : ce pays avait le plus fort taux d’encadrement en médecins et en formations diplômantes… mais quels diplômes ! Tous ceux d’entre nous qui accueillirent dans leurs hôpitaux des « médecins » ou internes en provenance de l’Université Patrice Lumumba de Moscou en gardent un souvenir mi-consterné mi-amusé…
Par la suite – en attendant que bientôt la mode se porte sur les universités chinoises, cela ne manquera pas – la lubie de nos « experts » fut de glorifier, emportés la vague irrésistible de la pensée néo-libérale, les universités américaines.
Dans ce domaine comme dans tous les autres, rien ne remplace l’analyse approfondie et l’examen sur place.
La réalité : une excellence onéreuse
Alors, tiens, rendons-nous à la JHU… Johns Hopkins University, Baltimore, Maryland, USA, puisqu’elle est classée comme étant la meilleure école de santé publique des États-Unis et que son école de médecine stricto sensu est classée en seconde position des USA, juste derrière Harvard, qu’elle apparaît 17e au Shanghaï ranking 2013, 8e au Webometrics Ranking espagnol, 18e au Scimagoespagnol lui aussi, 9e au Global university ranking russe et 2e auHEEACT de Taïwan…
Aucun des professionnels de santé que nous avons interrogés, américains, français ou autres, ne conteste que la JHU soit l’une des meilleures facultés de médecine du monde.
Créée en 1876, de droit privé, ce n’est pas une université gigantesque : alors que les plus grandes universités des USA dépassent 50 000 étudiants, la JHU compte environ 5 000 étudiantsundergraduates (à peu près notre 1er cycle, licence) et 15 000postgraduates (à peu près nos 2e et 3e cycles, master et doctorat) et s’ouvre annuellement à 1 400 nouveaux étudiant. C’est qu’elle vise, délibérément et sans complexe, à être et demeurer une université d’élite. Ainsi, fin 2012, c’est 37 lauréats du Prix Nobel qui avaient fréquenté la JHU, dont 18 Prix Nobel de physiologie et de médecine.
Aux USA, la médecine n’est pas enseignée de manière spécifique durant le cycle undergraduate, mais seulement à partir du cycle postgraduate. Ces études en médecine durent au minimum 4 ans. Les universités utilisent notamment comme critère d’évaluation des étudiants leurs résultats au Medical College Admissions Test (MCAT). Si les étudiants accomplissent avec succès leurs études, ils reçoivent le diplôme de Doctor of Medicine (MD) ou Doctor of Osteopathic Medicine (DO).
Les universités bénéficient de moyens financiers considérables : le budget de la JHU est de 2,4 milliards $. Les études supérieures sont onéreuses : si les frais d’inscription dans une toute petite université publique s’élèvent en moyenne à 8 000 $, dans une université privée la moyenne est de 30 000 $ (en France, de 600 € à 1 200 € selon les « droits complémentaires » souvent critiqués). On a donc recours aux bourses, aux emprunts et au travail étudiant. A la JHU, les frais de scolarité annuels sont d’environ 32 000 $ en undergraduate et de 45 000 $ en postgraduate. Les dépenses liées au logement avoisinent 9 000 €.
L’enseignement supérieur américain est considéré comme l’un des meilleurs du monde. Le système est décentralisé, du ressort de chaque État, ce qui a pour conséquence de fortes disparités, mais aussi une grande souplesse. Les États sont jaloux de leurs prérogatives en matière d’éducation, ce qui provoque des conflits avec le gouvernement fédéral.
Chaque État a en principe trois niveaux d’excellence du système universitaire : le plus prestigieux, dit « université de…» ; un système moins prestigieux, « université d’État de… » et un système de Community Colleges qui dispensent des cours universitaires de 1re et 2eannées ainsi que des cours professionnels, techniques et la formation continue.
Environ 500 000 étudiants étrangers fréquentent les universités américaines et un certain nombre reste aux États-Unis après l’obtention de leur diplôme. L’économie du pays profite de ce brain drain, surtout des ressortissants de pays en voie de développement. Par contre, les bourses au mérite très sélectives sont nombreuses et confortables aux différents cycles universitaires.
Pour postuler à l’admission en université américaine, les étudiants étrangers doivent passer le Test of English as a Foreign Language (TOEFL), examen de 4 heures évaluant les capacités des étudiants à maîtriser l’anglais Les étudiants ont le choix du support : version informatique sur Internet ou version sur support papier. Le TOEFL comprend 4 sections : lecture, rédaction, compréhension orale et expression orale. Le résultat obtenu au TOEFL est valide pendant deux ans.
La JHU dispose de campus « succursales » à Washington, Bologne, Singapour et Nanjing. Elle possède sa propre maison d’édition, la JHU Press, fondée en 1878.
- Renseignements médecine / pharmacie :
- Johns Hopkins University School of Medicine
- Office of Graduate Student Affairs
- 1830 E. Monument Street, Suite 2-107
- Baltimore, MD 21287
- Email: gradsoff@jhmi.edu.
- Phone: 410-614-3385
- Fax: 410-614-3386
- www.jhu.edu