Une leçon de santé publique
On ne présente évidemment plus la revue Esprit, qui à 82 ans et 400 numéros, et après une légère cure d’amaigrissement ces deux dernières années, se maintient sur les cimes de l’excellence, tandis que certaines autres ronronnent voire radotent… Le numéro 401 comporte un dossier sur l’inattention. Les troubles de l’attention y sont abordés sous les angles sociologique, philosophique et pédagogique qui débordent du champ de notre revue.
Mais un article a, précisément… retenu notre attention, celui du professeur Bruno FALISSARD : Les médicaments de l’attention : les doutes d’un praticien.
Son papier commence abruptement : « “La distraction est un problème psychiatrique à traiter par des médicaments.” Exprimée en ces termes, l’affirmation choque, révolte même. » Mais toute la suite du texte procède à une analyse extrêmement serrée et subtile du manque d’attention, pathologique ou non. Mais surtout, au-delà de cette question de psychiatrie très spécifique et pointue, l’auteur nous livre une rigoureuse démonstration et une belle application de la démarche scientifique en médecine, comme on aimerait en lire plus souvent.
Les derniers paragraphes, en outre, soulèvent une réflexion très généralisable : « Le médecin est toujours un peu embarrassé par les explications sociologiques (…) l’augmentation du diabète de type 2 est clairement liée à une modification de notre mode de vie (…) cela n’empêche pas d’être amené à prescrire des antidiabétiques (…) Pendant longtemps porter des lunettes a été source de stigmatisation (…) cela s’est finalement arrangé, les lunettes sont même devenues un accessoire de mode. »
Esprit n° 401 janvier 2014
159 pages 20 €
212 rue Saint-Martin 75003 PARIS
www.esprit.presse.fr