L’éthique au-delà de la morale
La justification de ce qu’on appelle la bioéthique réside dans l’inquiétude diffuse devant l’accélération des progrès techno-scientifiques qui, notamment dans le domaine biomédical, paraissent menacer l’humanité de l’homme. Les pouvoirs accrus nés des avancées du savoir biologique mettent en évidence la fragilité et la vulnérabilité de ce qui est humain, mais tout autant de ce qui relève du vivant en général. D’où le sentiment que la fixation de limites est d’une extrême urgence. La peur a conduit à la conscience d’une responsabilité nouvelle des hommes vis-à-vis de leur nature comme de la nature, c’est-à-dire de la biodiversité.
Dans cet essai, Pierre-André Taguieff montre que la bioéthique illustre la quête contemporaine du consensus par la délibération et le compromis en tant que mode de résolution des conflits.
C’est pourquoi elle se présente idéalement comme un discours du juste milieu, à égale distance des thèses jugées extrémistes, issues soit de l’intransigeantisme religieux, soit du scientisme technophile. Mais peut-on trouver un compromis acceptable entre des positions incompatibles, sinon par des opérations rhétoriques plus ou moins réussies ? La bioéthique ne se confond pas avec l’éthique médicale. Elle doit être repensée comme éthique de la vie ou du vivant et rejoindre ainsi le souci écologique. Loin de se réduire à une morale humaine, trop humaine, elle est vouée à s’accomplir dans une perception inséparablement éthique et esthétique de la nature.
Pierre-André Taguieff
novembre 2007 – 22 €
Fayard
13 rue du Montparnasse
75006 PARIS