Livre : Infirmière, la passion de l’hôpital – 2006

Les infirmières ? Sublimes, forcément sublimes….

L’auteure est directrice des soins à l’Assistance Publique de Paris. Parvenue « en haut », elle veut expliquer les rouages et les coulisses de l’hôpital « d’en bas »

Manifestement, l’auteure s’aime bien. Le « je », les jugements et les affirmations péremptoires foisonnent dans ce livre. On n’y trouve ni doute, ni recul ni aucune remise en cause. Médecins, personnel administratif, politiques… personne ne trouve grâce à ses yeux, sauf les infirmières et… la directrice de l’AP-HP : le courage a des limites et n’oblige pas toujours à scier la branche qui vous a porté.

Ainsi : la crise de la canicule en 2003 put être gérée le moins mal possible ? Ce fut grâce à l’auteure et à la DG de l’AP‑HP qui décréta que les problèmes administratifs seraient gérés plus tard ; et malgré certains responsables figés sur leurs directives, incapables de faire déplacer trois appareils ou qui exigeaient le nom des malades pour délivrer les précieuses bouteilles d’eau. Ou encore le médecin qui à 23 h, visité par l’auteure et la DG de l’AP-HP (bis) étalait son cahier de doléances des quatre dernières années ! Et le conseiller ministériel qui n’avertit ni son ministre ni le maire de Paris, alors que l’auteure, ancienne conseillère, sait bien, elle, qu’il aurait dû le faire. Bref tous coupables, sauf l’auteure et la DG de l’AP-HP (ter).

La sélection des infirmières ? Elle se fait « à l’usure » : « Beaucoup d’infirmières n’y restent que quelques années. Elles s’en vont, lassées, épuisées parfois ou désireuses de se consacrer davantage à leur famille. L’hôpital n’est pas fait pour elles. C’est d’elle qu’émanent souvent les critiques que l’on entend. Elles sont parties, parce qu’elles n’ont pas trouvé ce qu’elles attendaient ou parce qu’elles ne se sentaient plus capables d’affronter certaines réalités ». C’est vrai après tout : c’est de leur faute !

En bref, cet ouvrage est une longue litanie d’histoires édifiantes où des infirmières sauvent des vies humaines malgré l’incompétence coupable du personnel directorial ou médical. En prime on y trouve quelques poncifs et clichés amusants comme celui-ci : « les infirmières sont amenées à faire un choix. Comme la plupart des femmes, elles peuvent être touchées par certains cas particuliers ». Et les infirmiers hommes, eux, non ? Ils ne sont pas touchés ?

On terminera avec une citation délicate : « Bien que parmi les 400 000 infirmières de France, il y ait aussi, comme dans toutes les professions, quelques godichons et quelques tire-au-flanc, nous restons d’abord aux yeux de la population, principalement des femmes dévouées dont les gens espèrent malgré tout n’avoir jamais besoin ». Bon sang, mais quelle auteure ! Ce plaidoyer pro-domo, poujadiste et catégoriel, ne saurait être recommandé qu’aux enfants de Slaughter, fans de la série Urgences.

Michelle BRESSAND
2006 – 177 pages – 17 €
Editions Robert Laffont – Paris