Livre : La révolution médicale – 2003

La révolution par l’évaluation ?

Ce n’est pas tant la confrontation des points de vue qui est ici captivante : J‑P. Davant, Th. Tursz et G. Vallencien sont moins dissemblables qu’on pourrait le croire. C’est leur complémentarité qui fait la force du livre, prouvant une fois encore ce dont nous sommes persuadés : les solutions aux crises sanitaires et sociales actuelles viendront d’une réflexion collective et collégiale ou elles ne viendront pas.

Le chapitre sur la recherche est captivant, nous rappelant qu’il faut (bien des médias l’ignorent sottement) laisser du temps au temps ; que les espoirs mis dans la génétique et l’imagerie seront tenus ; que le maillon décisif est celui du transfert ; qu’il faut méditer aux 3 morts de l’ESB et aux 150 000 décès annuels par cancer.

Le chapitre sur les professions de santé est sévère mais juste avec un certain esprit de caste.

Celui sur les médicaments l’est tout autant, signalant que la France est l’un des rares pays où le médicament, sitôt obtenu l’AMM, ne fait l’objet d’aucune évaluation ultérieure systématique. Il plaide pour l’Europe du médicament, seule solution pour rester dans la course face aux USA.

Relativement, le chapitre sur l’hôpital nous a paru plus terne. Certes les auteurs plaident pour une redéfinition des missions, la transparence, l’intéressement, la modernisation du management. Mais cela, on l’a déjà lu et entendu ailleurs et parfois mieux. Le chapitre sur l’information et les médias est moins convenu : les trois intervenants s’accordent à considérer que, tout bien pesé, et malgré les travers et excès que l’on sait, les médias ont joué un rôle majeur pour amener le champ de la santé sous le regard de tous.

Mais le chapitre le plus passionnant est à notre sens celui consacré à l’évaluation : il plaide pour celle-ci en termes simples, démontrant qu’elle seule peut faire pièce à la judiciarisation de la médecine, qui ne fera que la fortune des avocats et la médiatisation des juges. Contrairement à certaines idées reçues quant au « déclin français » il expose que certaines solutions sont à notre portée dans l’hexagone : ainsi l’évaluation des médecins pourrait utilement s’inspirer des dispositifs de l’INSERM et du CNRS.

par Jean-Pierre DAVANT, Thomas TURSZ, Guy VALLENCIEN avec Pierre BONCENNE
Editions du Seuil
27, rue Jacob – 75006 PARIS
avril 2003, 212 pages, 17 €