De l’art de nous intéresser à des sujets assommants !

Ceux qui connaissent les nombreux livres ou études précédemment publiés par les auteurs, ou qui ont assisté à leurs interventions dans des colloques ou journées d’études, ne seront pas surpris du commentaire positif que nous portons sur ce dernier ouvrage.

D’abord, parce qu’il évite les grands travers des bouquins d’économie ou de sociologie : il est bref, clair et facile à lire ; son style enlevé nous permet de suivre sans peine l’exposé de situations complexes ou embrouillées.

Et puis, comme toujours, les auteurs savent maintenir le lecteur en éveil par des informations qu’on ne se souvient pas avoir lues ailleurs. Ainsi, vous apprendrez que si le français moyen a dépensé en 2001 2144 € pour sa santé, cette moyenne ne veut rien dire puisque 80 % d’entre eux ont dépensé moins et 3 % ont dépensé 5 fois plus. Toute une école veut mettre un terme à la prise en charge SS des cures thermales, anomalie française qui participe de la gabegie des deniers publics : l’intention est peut être scientifiquement fondée, sauf que son impact serait mince : elles ne représentent que 15 € par an sur les 2 144 évoqués…

Vous le saviez déjà, mais l’ouvrage actualise les chiffres : si les dépenses hospitalières ont fortement augmenté dans les décennies 60 et 70… leur part dans les dépenses de santé est retombée de 52 % en 1982 à 45 % aujourd’hui. Il est désormais prouvé que 10 % des française restent plus dans an sans consommer un seul soin : et l’on ne sait pratiquement rien sur ces suspects et déviants ! Les visites du médecin libéral à domicile, qui furent il y a peu dans le collimateur des comptables, ont en fait commencé à diminuer sensiblement depuis le début des années 90…

Au-delà des anecdotes, nous apprenons sans peine dans ce livre à distinguer indicateurs de santé et indicateurs de morbidité, à différencier pronostic vital et invalidité, à nous faire une représentation claire des comportements de santé en grandes masses, par catégories, et selon leurs évolutions récentes. Donc à mieux situer notre action dans le contexte. Ceci dit, nous ne vous livrerons pas la solution d’une situation peut-être alarmante, il vous faudra lire l’ouvrage vous-même pour avoir la clé de l’énigme : l’indice de Gini est de 0,73 pour les dépenses médicales sur un an. C’est grave docteur ?

par Andrée et Arié MIZRAHI
Collection Médecine et société
Editions PUF
6, avenue Reille – 75685 PARIS CEDEX 14
avril 2003, 124 pages, 10 €