2019 08 02 : Halte – film

De la science-fiction ? Evidemment, mais à court très court terme puisque ce film nous transporte dans 15 ans, 15 ans seulement. En Asie du Sud-Est, où depuis plusieurs années la région est plongée dans le noir parce que le soleil est totalement masqué par des nuages de cendres d’éruptions volcaniques majeures en mer de Célèbes.

Ce pourrait être d’ailleurs ailleurs : aux USA ravagés par des incendies de puits de pétrole ou de gaz de schiste, en Russie étouffant sous des feux sibériens, au Brésil dévasté par des déforestations amazoniennes, en Afrique où tout peut toujours arriver et où souvent tout survient de la sinistre panoplie des calamités… Et pourquoi pas dans notre douce Europe suite à un évènement climatique trop prévisible, et donc imprévu, non prévenu, non anticipé ?

Revenons à cet Extrême-Orient où se déroule le film : des fous dirigent le pays, manipulent les communautés, tiennent en main les villes. Rien à voir donc avec USA, Russie, Brésil, Europe, exempts c’est évident de despotes fous éructants ou de despotes à sang froid de la banque et de la finance…

Revenons à cet Extrême-Orient où se déroule le film : des épidémies épouvantables déciment les populations, par millions ils sont déjà morts, par millions ils tentent de migrer. Rien à voir donc avec USA, Russie, Brésil, Europe, où les migrants on les ignore, la Méditerranée et des barbelés sont d’ailleurs là pour ça et pour ceux qui ont survécu à l’une et contourné les autres, le farniente dans des campements de toile et la chaleur du mépris et de l’indifférence…

Le réalisateur Lav Diaz a tourné son film en noir et blanc, le noir va si bien à cette narration. Les acteurs sont fascinants de vérité, si loin, si proches. Le film dure plus de quatre heures mais ce n’est presque pas assez tant le dossier est lourd à illustrer.

L’allusion est plus que transparente au sinistre Rodrigo Duterte, président bien peu chrétien élu dans ce pays catholique à 95 %…

Mais ce fantoche digne de Chaplin n’est qu’un prototype de ce qui nous attend, braves gens, si nous ne passons pas de l’illusion à la lucidité, de la compassion à la solidarité, de l’indignation à la révolte, de la déclamation à la lutte concrète, de la déploration au combat.

Voici le monde de demain qui s’avance si nous ne faisons rien.

2 août 2019