2019 03 22 : Sunset – film

Nous sommes à la Belle Epoque, qui bien sûr était Belle surtout pour les nantis, aristocrates et autres parvenus à la pointe élevée de la pyramide sociale. Comme nous sommes dans le quartier chic de Budapest, alors deuxième capitale de l’empire austro-hongrois, ce sont surtout ces beaux messieurs et belles dames que nous voyons déambuler.

Comme nous sommes à l’été 1913, le chaos est proche, mais ça ils ne le savent pas et de toute façon la boue, la peur, le sang et la mort seront principalement pour la base de la pyramide, là-bas comme ici, sur tous les fronts.

Mais fi de la rétrospective inutile : en ces jours de 1913 le personnage principal du films est Irisz Leiter (Juli Jakab) qui vient de revenir à Budapest et qui n’est pas de la jeunesse dorée puisqu’elle sort de l’orphelinat. Elle y revient avec un projet : se faire engager comme modiste dans la réputée chapellerie Leiter, qui porte son nom puisque jadis tenue par ses parents.

Mais son rêve se brise car sa candidature est refusée par Oszkar Brill le nouveau et détestable propriétaire (Vlad Ivanov).

Puis Irisz apprend qu’elle aurait un frère dont elle ne sait rien, elle cherche à reconstituer son passé, mais ne rencontre que froideur, méfiance, hostilité, esquives, des personnages troubles ou inquiétants.

La mise en scène de Laszlo Nemes rend palpable, minutieusement, avec une admirable maîtrise, une esthétique épurée, cette atmosphère d’avant la chute, où l’errance et le profil des personnages préfigure l’effondrement d’un monde trop sûr de lui, aveugle et sourd aux orages qui s’annoncent à l’horizon.

Le réalisateur, grand prix à Cannes 2016 pour Le Fils de Saul, montre ici un somptueux savoir-faire. Juli Jakab est sublime dans ce personnage ambigu difficile à interpréter. Les autres acteurs sont excellents.

Sans doute le plus beau film que j’ai vu depuis la rentrée de septembre.

22 mars 2019

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