2017 07 29 : Danone ? Mais c’est donné dis donc !

J’ai été alerté qu’un drame se noue par M. Christophe Castaner.

Vous savez ce secrétaire d’Etat et porte-parole du gouvernement, à l’air sympathique et surtout subtil, fin, nuancé.

J’en ai connu des Castaner : dans les années 80 ils venaient me vendre la collection complète de l’Encyclopædia Universalis ; dans les années 90 c’était des investissement loi Besson et dans les années 2000 des capteurs solaires made in China.

Bon dans ces temps-là, il se fut mieux rasé mon Castaner, sinon mon pote, l’homme à la moto, aurait dit qu’il lui trouvait l’air pas tibulaire, non mais presque… Autres temps autres lames, moi c’était Gillette Mach 3.

Donc, en fait de lames, M. le porte-parole Castaner venait verser une larme, et une grosse qu’on la voie bien couler sur son visage ravagé : à propos de Mme la ministre du travail Muriel Pénicaud, que d’aucuns Insoumis en tout cas malappris voudraient voir démissionner.

Et pourquoi siouplait ?

Parce que dans ses fonctions de directrice générale des ressources humaines de Danone, elle a perçu entre 2012 et 2014, plus de 4,7 M€ de rémunération ? No, of course, peanuts.

Mais parce qu’on apprend qu’en plus, en sus, en gâterie, elle a réalisé en avril 2013 une plus-value de 1,13 M€ sur ses stock-options, après une hausse de la valeur des actions du groupe survenue, horrific my dear, suite à l’annonce de 900 suppressions d’emplois.

Faites le calcul : par emploi supprimé cela fait 1 255 €, pas de quoi en faire tout un fromage, même chez Danone, tout ça pour une ligne allégée ?

Mme Pénicaud a dénoncé l’agression : « démagogie, désinformation, amalgames », expliquant que « l’attribution des stock-options était bien antérieure aux suppressions d’emplois ».

Oui, sauf que… Mme Pénicaud se trompe (car je n’ose suggérer qu’elle nous trompe) : la date d’attribution des stock-options est une chose, la date à laquelle elle les a vendues en est une autre.

Comme son nom l’indique, l’attribution de stock-options est l’attribution par Danone à son estimable dirigeante d’une option privilégiée, destinée à être revendue plus tard, quand le cours de Danone sur le marché aura grimpé, permettant la réalisation d’une plus-value.

C’est vrai, ces stock-options lui sont accordées en 2009, donc à une date « bien antérieure aux suppressions d’emplois ». Mais, mais, mais… le plan de suppressions d’emplois est annoncé le 18 février 2013 ** et dans les deux mois suivant l’action Danone passe de 50,13 € à 58,72 €, un bond de 17 %. Et c’est là, justement là, que Mme Pénicaud vend. Elle profite donc bien d’une plus-value liée chronologiquement à l’annonce d’un plan de licenciement.

Mais peu importe.

Car ce qui incite M. le porte-parole Castaner à verser sa larme pur croco, « c’est que, permettez-moi d’être un observateur attentif et vous dire que ce matin, le cours en Bourse de Danone était de 20 % supérieur au moment où elle a vendu. Donc on pourrait se dire que finalement elle n’a pas fait une bonne affaire » ajoutant « je ne veux pas rentrer dans ce débat ».

Déjà, entrer avec ses gros sabots dans le débat, « sans y entrer », admirez le jeu aérien de ce danseur mondain.

Mais sur le fond ? C’est vrai que l’action Danone est cotée aujourd’hui à 63,65 €. Cela fait + 8 % de mieux et non pas les + 20 % « qu’au moment où elle a vendu ».

M. Castaner, danseur de claquettes « attentif », doit sans doute pratiquer le flamenco façon cante chico!

La conclusion édifiante reviendra à M. Geoffroy Didier, LR crypto-constructif et macron-compatible : « Une fois qu’on commence à rentrer dans des leçons de morale, on ne sait pas où ça s’arrête »

Continuez belles dames et beaux sires, le peuple vous adore !

***

** Il est vrai que Danone s’était fait une cruelle violence pour décider cette charrette, pardon ce plan de licenciements. Mais Danone n’avait pas le choix, vraiment pas : l’exercice qui venait d’être clos, 2012, avait vu son chiffre d’affaires passer à 20,86 milliards, soit une progression de 5,4 % et son bénéfice net rester stable à 1,81 milliard.

29 juillet 2017