2017 02 24 : Loving – film

Jeff Nichols retrace dans ce film une histoire vraie et célèbre aux USA.

Mildred Jeter (Ruth Negga) et Richard Perry Loving (Joel Edgerton) s’aiment et veulent se marier. Mais nous sommes en 1958, Richard est blanc, Mildred est noire, cela se passe en Virginie et cet Etat, qui lors de la guerre de Sécession fit partie des États sudistes esclavagistes, est encore conservateur et ségrégationniste. Les voilà donc cités en justice car le mariage entre blancs et noirs y est interdit.

Le juge Bazile, mélangeant religion et droit (ce qui ne se fait plus, c’est bien connu, sauf dans les états islamiques qui ont donc, non pas des siècles mais 60 petites années de retard sur la grande démocratie américaine) sermonne :

« Dieu Tout-puissant créa les races blanche, noire, jaune, malaise et rouge, et les plaça sur des continents séparés. Le fait qu’il sépara les races montre qu’il n’avait pas pour intention qu’elles se mélangent ».

Et les condamne à un an de prison, avec toutefois une condition suspensive : qu’ils quittent l’État.

Estimant qu’il s’agit d’une violation de leurs droits civiques, Richard et Mildred font appel. Ils iront jusqu’à la Cour Suprême laquelle, en 1967, casse la décision initiale.

L’arrêt Loving vs Virginia fit jurisprudence : il invalida de telles lois qui existaient encore dans seize États.

Richard mourut accidentellement en 1975. En 2007, pour les quarante ans de l’arrêt de la Cour suprême, Mildred publia une déclaration dans laquelle elle proclama :

« Entourée comme je le suis par de merveilleux enfants et petits-enfants, pas un jour ne passe sans que je ne pense à Richard et à notre amour, notre droit de nous marier, et combien cela signifiait pour moi d’avoir la liberté d’épouser la personne précieuse pour moi. Je crois que tous, quels que soient leur race, leur sexe, leur orientation sexuelle, doivent avoir la même liberté de mariage. Ce n’est pas l’affaire du gouvernement d’imposer les croyances religieuses de certains aux autres. Je suis fière que notre nom à Richard et à moi soit celui d’un arrêt de la Cour qui puisse favoriser l’amour. Je suis pour la liberté de se marier pour tous. C’est de ça qu’il s’agit dans Loving (l’arrêt) et dans loving (l’amour). »

Elle mourut l’année suivante.

Il me semble manifeste qu’il s’agit un grand film. Engagé mais subtil et sobre, qui évite autant les pièges du politiquement correct et le ton moralisateur actuels que les séquences émotion incontournables dans nombre de films américains.

Les acteurs sont magnifiques de justesse.

Sortant de la salle, je ne regrettai donc pas d’être allé le voir, poussé par le bouche à oreille, par de nombreuses critiques positives et aussi, oserai-je l’avouer ? mais si ! par le jugement péremptoire de Télérama : « Un film qui accumule imperturbablement les clichés ».

Quand Télérama dit que c’est navet, j’y vais !

24 février 2017