Une analyse digne d’intérêt.

Ceux qui ont une connaissance approfondie de l’hôpital, de ses arcanes administratifs, de ses stratifications sociologiques, de ses cloisonnements professionnels, discuteront sans doute la thèse de l’auteur ; elle a le mérite de la cohérence logique et suscite la réflexion. La voici brièvement résumée : Depuis les années soixante-dix, les réformes de la santé se succèdent de façon ininterrompue et modifient sans fin les pratiques et les organisations professionnelles.

À travers trois cas réels d’intervention, l’auteur nous présente les vents contraires du changement à l’œuvre dans l’hôpital.

Le vent dominant est le « changement-réforme ». Le législateur modifie sans cesse la réglementation pour adapter les hôpitaux à l’évolution des maladies et de la société. Les personnels appliquent alors des directives conçues par d’autres qu’eux, même si elles sont rehaussées de démarches participatives.

À cette tendance globale s’oppose le changement initié par les professionnels eux-mêmes localement, ou « changement-invention-collective ». L’expérience montre que celui-ci est porté par une minorité traversant tous les établissements, métiers et positions institutionnelles. Ses membres se hissent au-delà de leurs conditions particulières et s’emploient à faire advenir ce qui est essentiel dans la santé de tous les hommes. Pour ce faire, ils doivent combattre la face arbitraire de l’autorité : les coups de force, la délinquance, le despotisme et l’intimidation sociale. Ils sont les insubordonnés de l’Universel.

De formation philosophique et sociologique, Claude Quantin est consultant auprès des établissements publics et privés de santé dans lesquels il a accompagné de nombreux changements collectifs pendant plus de trente ans. Il a également enseigné dans le département d’éducation permanente de l’Université Paris Dauphine.

Claude Quantin
avril 2010 – 267 pages
Collection Fonction cadre de santé
Editions Lamarre
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