Le plaisir du Droit.

Insidieusement, le décideur hospitalier s’accoutume au droit sans majuscule, réducteur, utilitariste, verbeux, filandreux, redondant, dans lequel il baigne ou patauge à longueur de journée, finissant par oublier que le Droit est un des piliers de la vie sociale et des relations humaines. Aussi, lorsque vous tombez sur un tel livre, quel plaisir ! Vous le lirez peut-être d’une seule traite ; mais plus certainement, vous le savourerez chapitre par chapitre, à la veillée, avec dans l’autre main votre breuvage préféré (à consommer, lui, avec modération). Ce cours – le terme traité serait ici amplement justifié – vous fait explorer avec clarté et aisance toutes les finesses et subtilités du droit médical.

Il vous rappelle d’entrée que « le droit médical est normatif parce qu’il est du droit » sans ajouter cruellement que tout texte normatif, lui n’est pas forcément du droit et ne devrait pas être classifié comme tel… L’ironie n’est jamais absente, même si elle ne va pas jusqu’à la méchanceté : « Le nouveau CSP, dont les élégances se dissimulent certainement… ». Plus sérieusement, on recommandera bien des chapitres aux amateurs avertis, par exemple celui sur le secret médical, sujet pourtant archi-rebattu pour lequel il semblait difficile de réussir une nouvelle synthèse. La rigueur d’analyse est extrême, sur les errements et atermoiements ayant entravé le cheminement législatif en matière de procréation médicalement assistée, ou sur les illogismes de la théorie de la perte de chances. Il peut se montrer sévère, lorsque « la satisfaction d’une éthique purement processuelle fait écarter la réflexion sur les droits malmenés par la loi » ou encore pour nous prévenir que, si la loi de mars 2002 a voulu que la solidarité intervienne subsidiairement à la responsabilité, les complexités d’application se révèleront redoutables…

par Gérard MEMETEAU
2e édition
Editions Les études hospitalières
38, rue du Commandant Charcot – 33000 BORDEAUX
octobre 2003, 530 pages, 49 €