2013 10 21 : De la musique avant toute chose (Freddie Mercury)

J’entendais encore il y a peu, sur une radio musicale que je ne citerai pas, quelques sots affirmer que la «grande » musique, la musique « classique » serait « supérieure » à la musique « populaire », à la musique « de variétés », parce qu’elle est plus élaborée, techniquement plus complexe, intellectuellement plus aboutie, qu’elle se donne des règles, une grammaire, une syntaxe, qu’elle se pose des contraintes et un cadre structurel qui en font certes la difficulté mais aussi la prééminence…

Et autres fadaises de ce genre, au moins une heure durant (je dis « au moins » car j’ai zappé avant la fin). Mais j’y ai repensé plus tard, à plusieurs reprises, voulant comprendre pourquoi moisissent encore dans leurs certitudes ces « assis » que Rimbaud, il y a 150 ans déjà pour ce qui concerne la littérature, réduisait à leur poussière rance ; et j’espérais trouver une réplique homologue pour la musique.

Et heureuse coïncidence, voilà qu’on me fait réentendre un musicien de mes années quatre-vingt que j’avais pratiquement oublié, qui est de cette réfutation une excellente preuve vivante (je veux dire que sa musique vit, car lui hélas est mort du sida en 1991 à 45 ans) : Freddie Mercury, le chanteur du groupe Queen. Alors pas besoin d’ajouter un discours : écoutez, réécoutez quelques-unes de ses chansons :

Bohemian Rhapsody

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Ou :

Was Born To Love You

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Ou encore :

Made In Heaven

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Cette voix venue de nulle part prend rang d’emblée au niveau des plus grands ténors « classiques » (tandis que certains d’entre eux, quand ils se risquent à la chanson populaire ou de variétés, quelle tristesse ! N’est-ce pas, Monsieur Alagna ?). Sauf que Mercury, en plus, était l’auteur de la musique qu’il interprétait !

Au moins l’une des légendes du répertoire classique avait compris cette stupidité des clivages et, après Pavarotti, s’était osée à un mélange des genres qui avait scandalisé les pisse-froid mais enthousiasmé les amateurs : Monserrat Caballe.

Son apparition avec Mercury en 1988 dans Barcelona est inoubliable :

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Et vous ne pourrez être insensible à la dernière chanson de Mercury en octobre 1991 :

The Show Must Go On

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poignant car, on le sait maintenant, en l’enregistrant il était conscient qu’il n’en avait plus pour longtemps à vivre. Il disparaîtra effectivement un mois plus tard…

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 Dans la même veine du mariage réussi de la « grande » musique et de la musique « légère » : je n’appréciais pas plus que ça Michel Legrand, mais je dois reconnaître que son duo avec la personnalité d’exception de Nathalie Dessay fait tomber toutes mes préventions :

Entre elle et lui.

Ils viennent de sortir un album Entre elle et lui et seront en tournée du 26 octobre au 5 mai 2014.

 21 octobre 2013