2014 01 14 : Fazil Say

Soirée mémorable hier au Théâtre des Champs-Elysées : Fazil Say, grand pianiste turc, qui proposait un programme varié : Mozart (sonate n° 10), Zimmermann (Enchiridion), Stravinsky (Petrouchka), Chopin (nocturnes) et Beethoven (sonate n° 14).

Fazil SayFazil Say a 44 ans aujourd’hui même, 14 janvier. Il débute sa carrière en 1990. Son premier enregistrement date de 1998. C’est non seulement un interprète exceptionnel, mais aussi un compositeur : Maerchen pour piano et orchestre de chambre, une Sinfonia concertante pour piano et orchestre, quatre symphonies, Thinking Einstein pour piano et orchestre, Fenerbahçe pour chœur, piano et orchestre, cinq concertos pour pianos, d’autres pour clarinette, violon, trompette ou ney, Black Earth, pièce pour piano en hommage à Aşık Veysel, Nazım, oratorio sur des textes du poète Nazım Hikmet, ou encore Dervish in Manhattan

Certaines de ses œuvres ont été interdites par le pouvoir de son pays, la Turquie : ainsi, en 2003, son Metin  (requiem) Altıok Ağıtı, dédié à ce poète assassiné par des islamistes radicaux en 1993 à Sivas avec trente-trois autres intellectuels alévis. Mais il récidive : en avril 2012, il déclare dans une interview qu’il est athée, puis sur son blog twitter se moque d’un imam qui lui cherche noise. Il est alors poursuivi par la « justice » turque pour atteinte aux valeurs religieuses de l’islam. Pour ce crime insupportable, la Cour d’appel d’Istanbul l’a condamné en septembre dernier à 10 mois d’emprisonnement, avec un sursis-mise à l’épreuve de deux ans

Mais sa puissance artistique est intacte : en témoignent ses deux dernières créations, les symphonies Mesopotomia et Universe, parues fin novembre 2013.

S’il donne un concert à portée de chez vous, amies, amis, courrez entendre et applaudir Fazil Say, compositeur, pianiste, homme de courage et démocrate !

 14 janvier 2014